Au cours du Salon Chasse et Pêche de
Trois-Rivières, je discutais avec Martin Vaillant (aussi guide de pêche et
confrère chez Pure Fishing) que je voulais faire une ou deux sorties à la
mouchetée à l’ouverture. L’idée était de tester des techniques pour capturer de
la grosse mouchetée de début de saison. Martin m’a alors dit qu’il connaissait
un lac dans son coin, un lac pas très gros et où il avait déjà pris de la belle
mouchetée. Il m’a aussi dit: « Peut-être qu’on pourrait essayer ça! Je
t’invite, si tu veux!». J’ai donc accepté son invitation et c’est lundi dernier
qu’on est allé pêcher son lac. Nous avons fait quelques détours (!) dans le
bois pour retrouver le fameux lac en question. Un petit portage était
nécessaire et nous avons ensuite mis un canot à l’eau. Comme je suis allergique
aux rames (!), j’avais amené mon Minn Kota 32 lb de poussée et mon Humminbird 987
si (pourquoi se priver!). Nous voilà donc près à «faire feu» sur ce petit lac
plein de promesses situé dans l’Outaouais; nos montres indiquent 9h.
J’avais hâte de jauger les conditions. L’eau
de surface était à 43oF. La nuit avait été très froide allant même jusqu’à
geler. Si tôt en saison, je m’attendais à trouver les truites pas très loin du
rivage en eau peu profonde pour chercher une eau un peu plus chaude; la
température de l’eau étant comme prévu en bas de la température préférentielle
de la truite mouchetée qui est de 48 F à 58 F.
On a donc commencé en pêchant très près du
bord au lancer. Nous avons commencé avec des Atomic Teaser ces petites
merveilles qui fonctionnent si bien quand la truite se nourrit en eau très peu
profonde. Nous n’avons pas eu d’attaque avec cette approche. Nous avons donc
changé de stratégie en y allant avec de la pêche à la traîne. J’ai fait entre
autre de la traîne avec une canne à moucher et une Power Nymph. C’est une technique qui est super efficace pour
prendre de la mouchetée (souvent même de la grosse) de bonne heure en saison.
Malheureusement je n’ai pas eu de touche là-dessus non plus. Martin de son côté
avait choisi un autre leurre, un leurre qui lui avait déjà valu du succès dans
ce lac : un petit micro-jig avec des poils de chevreuils. Un certain
moment donné, pour éviter un long arbre tombé sous l’eau, j’ai fait une grande
courbe vers le large. Là, Martin qui pêchait du côté du large a eu une attaque!
Il a bien ferré et tout un combat s’en est suivi jusqu’à ce que je puise cette
merveille! «Wow, c’est une tannante de belle mouchetée ça mon Mart. Super!»
J’ai réalisé que peut-être à cause de la température très basse de la nuit
précédente, que les truites s’étaient peut-être retirées du bord n’étant pas
actives.
Je me suis donc promené avec l’embarcation plus au large en scrutant mon
sonar que j’avais pris soin d’ajuster pour avoir un maximum de précision. J’ai
vite compris l’affaire. Je pouvais repérer les truites en suspension dans 8 à
14 pieds de creux sur une profondeur de 15 et 40 pieds. Elles étaient là! Nous
nous sommes donc mis à pêcher plus au large. Le petit leurre à Martin, a cassé
la baraque. Il a capturé quatre autres superbes truites avec le même leurre. Figurez-vous
donc qu’il en avait juste un! J’ai essayé toutes sortes d’autres leurres qui lui
ressemblaient... sans succès! J’ai dû me contenter de… puiser les poissons de
Mart! Finalement, Martin en a trouvé un qui n’avait pas les mêmes couleurs mais
c’est mieux que rien. Avec ce leurre, j’ai réussi à en capturer ma première
truite… et quelle truite! « Dis-dont, il n’y a pas de petits poissons dans ce
lac!» Le décompte était donc à six superbes
mouchetées. Le laps de temps entre les captures s’était fait de plus en plus
long jusqu’à ce que l’action cesse complètement après ma capture. J’ai remarqué
qu’on voyait de moins en moins de poissons dans le sonar. Je note aussi que la
température de l’eau de surface avait augmenté de 4 ou 5 degrés pour atteindre
48oF donc le bas de la plage de températures idéales pour cette espèce. Je me
suis dit que probablement qu’elles étaient parties manger près du rivage. On a
donc décidé de faire des passes de traîne avec des petits poissons nageurs. Si
elles étaient là pour s’alimenter, elles seraient probablement actives et nous pourrions
les prendre avec des poissons-nageurs. J’ai donc effectué des passes de traîne
assez serrées sur le rivage et avec des «S» prononcés pour être certain de
sortir les leurres du sillon du canot car nous étions en eau peu profonde. Je
naviguais aux environs de 1.8 miles à l’heure.
Ça n’a pas été très long que j’ai eu une
attaque foudroyante sur mon poisson nageur. J’étais en train de me changer de position
dans le canot et je n’ai pas été en mesure de ferrer. Manqué! Pas grave,
j’avais vu juste avec ma théorie. Elles étaient effectivement collées au bord.
Nous avons donc fini notre parcours de traîne et ensuite nous nous sommes
laissés dériver par le vent tout en faisant des lancers avec les poissons
nageurs vers le bord. Puis un certain moment donné, j’ai eu une attaque. Elle
ne s’est pas piquée malgré mon ferrage. Martin a vu le bouillon de la truite
qui s’éloignait. Il m’a dit: «Elle est là! Dan!!!! Elle est là!!!!». J’ai lancé
dans le coin que Martin m’indiquait et… BANG! La truite a attaqué avec rage mon
poisson-nageur provocant des éclaboussures d’eau sur plusieurs pieds. Wow!
Après un combat complètement débile et un frein de moulinet qui a chanté à
plusieurs reprises avant que je ne décide de la travailler en démoulinant,
Martin a puisé une mouchetée de 19 pouces. Fou!
Ce fût la dernière de la journée, le temps
nous bousculant. Notre bilan de journée est donc de sept truites mouchetées :
trois entre 1 lb ¾ et 3 lb et quatre entre 3 lb et 4 lb. La palme revient à Martin
avec la plus grosse capture du jour, une magnifique mouchetée de 20 pouces
pesant 4 livres. Elles étaient très ventrues, très belles et pleines de
couleurs; de la truite mouchetée à son meilleur.
Martin et moi avons conservé chacun deux
truites et avons remis à l’eau trois spécimens; voilà qui est raisonnable.
Quelques bonnes bouffes mais aussi de beaux gestes pour préserver la qualité de
pêche sur ce surprenant petit lac. Au-delà des captures, ça été une super
journée. J’ai beaucoup de plaisir avec Martin. Fort à parier que ce n’est pas
la dernière fois que nous pêchons ensemble…
Dan Robitaille
www.guide-dan-robitaille.com